Bonjour à tous
Je ne me suis jamais présentée auparavant, malgré les courriers polis et gentils du site qui m'y engageaient ...
J'imagine que je ressentais une telle souffrance que je ne parvenais pas à prendre suffisamment de distance avec elle pour réussir à l'exprimer sans en avoir honte.
Donc je m'y colle aujourd'hui, sachant que j'ai toujours du mal avec les forums et avec le fait d'écrire et de fixer l'écran - mais j'ai maintenant au moins une piste à partager et à creuser, et c'est une motivation pour être là.
En 2002 ma vie a basculé.J'étais active, je pouvais marcher pendant des heures, je ne restais jamais sans "faire quelque chose". Peu de choses ma faisaient peur.
Tout d'un coup, des douleurs insupportables au niveau de la nuque (j'ai cru, en tombant sur un livre peu de temps après, que j'étais atteinte de la maladie de Charcot parce que l'auteur, qui en souffrait, expliquait que celle-ci s'était d'abord manifestée de cette manière chez lui : par de violents torticolis.
Associé à ces douleurs (je ne pouvais plus porter un sac à provision), une sensation de fatigue effroyable - vous connaissez. Un médecin pourtant pas stupide diagnostique "une tendinite", je lui ris au nez.
Depuis (mais il n'y a pas longtemps), j'ai lu une définition de la fibromyalgie comme une tendinite généralisée alliée à un SFC, et je trouve cela assez juste, même si ça ne dit pas comment et pourquoi "ça" s'installe, et pourquoi "ça" s'installe ensemble chez moi. Mais je dois bien reconnaître que je reconnais pas mal de choses dans cette définition : irritabilité des tendons d'Achille à la marche, des tendons du dessus du pied (sais pas leur nom) et de tout ce qui sert à tirer, porter, pousser ... donc tout ce qui fait une personne "normale".
Nous y voilà : je ne me sens plus une personne "normale" et je en peux plus faire grand-chose comme les gens qui le sont (oui, je sais que ça ne veut rien dire ... et pourtant bien sûr que si).
Je trouve un soulagement ponctuel (l'effet ne dure pas, même s'il fait du bien pendant quelques jours), grâce à une acupunctrice. Mais celle-ci déménage au bout de quelques mois à l'autre bout de la France; Avec le successeur, ce n'est plus pareil.
Sur des années, je vais multiplier les approches, comme la fameuse souris tombée dans un verre de lait et qui se débat tellement qu'elle monte du beurre. Mais je ne vais pas monter grand-chose, parce que j'ai peur de ce qui m'arrive et que je ne peux, à l'époque, en parler à personne. Je n'ai pas d'ordinateur à l'époque, pas d'internet.
Je vais résumer pour ne pas lasser les lecteurs qui lisent toujours plus ou moins la même histoire ...
Après quelques années-galère, je reprends un régime que j'avais adopté auparavant, mais que je n'avais pas continué parce que je bossais à l'étranger et devais manger souvent au restau par manque de temps : sans laitages.
Moins efficace que la première fois - normal, mon corps s'est beaucoup encrassé entretemps, mais je le vis mal - je vis TOUT mal durant cette période.
Je le tiens, je le tiens pas ... Galères de couple aussi, galères financières - j'ai peur constamment de ne pas m'en sortir de ce point de vue, et je ne m'en sors effectivement pas. Je m'enfonce au fil des années dans un sentiment de précarité dont je n'arrive toujours pas complètement à sortir, des années plus tard, et qui a eu une influence considérable sur ma manière d'occuper ma place dans le monde - ou plutôt de ne pas l'occuper.
Pendant ce temps, j'ai des douleurs incroyables au niveau des pieds, je ne peux presque plus marcher et je n'en reviens pas.
Après quelques mois rigoureux de sans-produits-laitiers, je rajoute sur les conseils d'une thérapeute le sans-gluten et je commence une cure de jus de fruits d'après Gerson : amélioration spectaculaire.
Depuis, il y a eu beaucoup de bas et beaucoup de hauts, le problème étant de tenir, de préférence dans le haut.
Lorsque je me suis installée en Rhône-Alpes, (auparavant j'étais en Bretagne) pour me rapprocher de mes parents âgés, il m'a été très difficile de continuer le régime sans gluten et sans lait, ma mère me faisait des panna-cotta et des gratins dauphinois chaque fois que j'allais les voir … Difficile de faire comprendre à une vieille dame le concept de "sans lait", elle qui avait vécu toute sa vie avec l'idée contraire.
Bref ça va mieux qu'à une certaine époque, heureusement, mais je ne me suis jamais retrouvée "moi-même", avec toute mon énergie qui était débordante (je ne restais jamais sans rien faire, cela m'était impossible. Soit dit en passant pour ceux qui estiment que les fibromyalgiques sont des feignasses …)
J'apprécie grandement ce forum où je trouve plein de pistes, qui ne sont pas toujours faciles à suivre pour cause de manque d'argent et de manque d'énergie. Mais la philosophie est la mienne, et la route aussi je crois.
Merci à ce forum d'exister, il m'a souvent sauvée du désespoir.