Dépression: même de faibles taux de plomb dans le sang pourraient augmenter le risque
31 mars 2010 – Même de faibles taux de plomb dans le sang seraient liés à un risque de dépression et de trouble de panique plus élevé, selon une étude américano-canadienne1.
Des chercheurs ont voulu vérifier la concentration de plomb dans le sang chez les jeunes adultes et l’apparition des symptômes de 3 principaux problèmes psychiatriques : la dépression, le trouble panique et l’anxiété. La majorité des études sur les effets du plomb chez les adultes ont été menées dans le cadre d’une exposition professionnelle à ce métal et non - comme cette étude l'a été - à de faibles taux d’exposition.
Ils ont analysé les données recueillies auprès de 1 987 adultes américains, âgés de 20 ans à 39 ans, qui ont participé à l’Enquête nationale sur la santé et la nutrition entre 1999 et 2004.
Résultat : 134 individus ont présenté les critères de diagnostic d’une dépression, 44 de trouble panique et 47 de troubles anxieux. Leur concentration moyenne de plomb dans le sang était de 1,61 µg/dl (microgramme par décilitre de sang).
Les sujets qui avaient la concentration de plomb la plus élevée, soit 2,11 µg/dl ou plus, risquaient 2 fois plus de souffrir de dépression par rapport au cinquième des participants qui avaient la concentration de plomb la plus faible (0,7 µg/dl ou moins). Et le risque était 5 fois plus élevé pour le trouble panique.
Pour affiner leurs résultats, les auteurs de l’étude ont retranché de leur échantillon les 628 fumeurs, car le tabagisme augmente la concentration de plomb dans le sang. Le risque chez les non-fumeurs entre la plus haute et la plus basse concentration de plomb a été multiplié par 2,5 pour la dépression majeure et par 8 pour le trouble panique.
Il ne semble pas y avoir de concentration "acceptable" de plomb.
Maryse Bouchard, chercheuse
« Nos résultats viennent démontrer que des adultes - représentatifs de la population en général - peuvent être vulnérables même avec une petite concentration », affirme Maryse Bouchard, auteure principale de l’étude et chercheuse au Département de santé environnementale et santé au travail à l’Université de Montréal.
« Il ne semble pas y avoir de concentration "acceptable" de plomb, poursuit-elle. On sait déjà que les enfants sont très vulnérables à l’exposition au plomb qui nuit à leur développement intellectuel. Il existe d’ailleurs un programme de surveillance de plombémie chez les enfants de moins de 5 ans aux États-Unis qui a établi la limite à 10 µg/dl et moins avant d’agir. »
Selon elle, il est important qu’il y ait des gestes concrets et efficaces de poser pour réduire la présence de plomb dans l’environnement immédiat des personnes, notamment en changeant les tuyaux de raccordement pour l’eau potable dans les maisons où ils sont en plomb.
Carole Boulé – PasseportSanté.net
Nouvelle mise à jour le 6 avril 2010
1. Bouchard MF, Bellinger DC et al. Blood lead levels and major depressive disorder, panic disorder, and generalized anxiety disorder in US young adults, Arch Gen Psychiatry. 2009;16(12):1313-1319.